« La voiture électrique est une bombe écologique. » Vrai ou faux ?

Par  Rémi Barbet

Publié le 03/05/2024 à 08h01

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« La voiture électrique est une bombe écologique. » Vrai ou faux ?
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Cet article est paru dans le magazine Le Pèlerin - Abonnez-vous

On entend dire que la voiture électrique est une bombe écologique. Qu'en est-il dans les faits ? Notre journaliste décode.

→ La fabrication d'une voiture électrique émet beaucoup plus de gaz à effet de serre

 (équivalent dioxyde de carbone, ou CO2) que celle d'un véhicule thermique, essence ou diesel, du fait des matériaux et procédés chimiques nécessaires aux batteries, des technologies gourmandes en métaux. Résultat : « Une voiture électrique nécessite six fois plus de minéraux qu'une voiture conventionnelle », selon l'Agence internationale de l'énergie. On y trouve en moyenne 53,2 kg de cuivre (contre 22,3 kg dans un véhicule thermique), 8,9 kg de lithium, 39,9 kg de nickel et 66,3 kg de graphite.


→ Cette dépendance aux métaux augmente l'activité minière:

d'ici à 2040, le lithium devrait voir sa demande multipliée par 42, le cobalt par 21 et le nickel par 19. Mais cette course aux minerais s'accompagne de déboires écologiques: intense consommation d'énergies fossiles, pollution des sols aquifères, énormes besoins en eau. Cette pression sur l'or bleu provoque un stress hydrique dans le "triangle du lithium", entre l'Argentine, le Chili et la Bolivie. Une région qui concentre 34,8 % de la production mondiale et où la sécheresse et la pollution des sols aux métaux lourds défigurent les paysages au détriment des populations locales.


→ Ce fort impact environnemental initial, la voiture électrique le compense à l'usage,

lorsqu'elle atteint une certaine distance appelée "kilomètre pivot" - moment où son empreinte carbone devient inférieure à celle de son équivalent thermique. En France, il se situe autour de 30 000 à 40 000 km et, sur 200 000 km (cycle de vie d'une voiture en France), l'électrique émet globalement 3 à 4 fois moins de CO2. Ce point de bascule recule à mesure que le véhicule s'alourdit, une plus grosse batterie étant alors nécessaire. Une petite citadine s'avère donc plus bénéfique au climat qu'un SUV.

→ Le mix électrique du pays où la voiture est rechargée est essentiel pour mesurer son impact environnemental.

 Avec son électricité très majoritairement décarbonée (nucléaire ou renouvelable), la France jouit d'un atout considérable puisqu'une voiture électrique vendue en 2020 y émet 69 % d'émissions de moins qu'un véhicule diesel de même taille. L'empreinte carbonne moyenne d'un véhicule électrique en France en 2020 est 2 fois moins élevée qu'en Allemagne, presque 3 fois moins qu'en Pologne et plus de 3 fois moins qu'en Inde.

Sources: Ademe ; Carbone 4 ; Agence internationale de l'énergie.

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