Diplomatie. Comment la France d'Emmanuel Macron est-elle perçue dans le monde ?

Par  Jean-Michel Demetz

Publié le 01/05/2024 à 14h01

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« Pour la France, dire c'est faire »
© NG HAN GUAN/AP/SIPA

Le 6 avril 2023, Emmanuel Macron rencontrait à Pékin le président Xi Jinping.

Cet article est paru dans le magazine Le Pèlerin - Abonnez-vous

Le journaliste François d'Alançon vient de publier avec son confrère suisse Richard Werly un essai sur le rang de la France dans le monde sous la présidence d'Emmanuel Macron.

Au tour du président chinois, Xi Jinping, d'être reçu à Paris par Emmanuel Macron dans les prochains jours. Cette visite fait suite à celles, fastueuses, du président russe, Vladimir Poutine à Versailles (mai 2017), du président américain Donald Trump, à Paris (défilé du 14 juillet 2017), du Premier ministre indien Narendra Modi (14 juillet 2023), et s'inscrit dans cette volonté de la France d'influer sur le cours du monde. Reste à savoir ce qu'il en est vraiment.

Quels sont les résultats de cette diplomatie d'apparat ?

Les visites d'État s'inscrivent dans le cours normal des échanges. Ce qui s'avère plus intéressant, c'est l'habileté de la Chine à jouer, dans le cadre d'une relation bilatérale, sur les nuances, voire les différences entre Occidentaux, et même entre Européens. Je doute que la prochaine visite de Xi Jinping à Paris ait fait l'objet d'une concertation préalable entre Paris et Berlin, pas plus d'ailleurs que celle, récente, du chancelier allemand à Pékin. Or la France (comme l'Allemagne) a peu de poids seule face à la Chine. Pour peser sur les grands dossiers, la réponse devrait être unitaire et, au minimum, européenne.

Le fossé entre l'emphase du verbe et la réalité est-il un phénomène typiquement français ?

L'écart entre la rhétorique et les résultats fait partie du jeu. Mais, en effet, en France, le verbe compte davantage. Les intentions déclarées pèsent plus que les applications concrètes. Dire, c’est faire. Grands discours et gestes spectaculaires se suffisent à eux-mêmes. C’est le syndrome de Don Quichotte. Même si la France fait aussi attention à engranger les grands contrats – c’est son côté Sancho Pança. Conséquence de cette grandiloquence, en Europe, notre prétention à jouer en solo agace ; en Afrique, nous sommes devenus un bouc émissaire au Sahel et devons faire face à la concurrence de la Chine et de la Turquie ailleurs. Et aux États-Unis, comme en Europe, nous entretenons la réputation d’un allié pas toujours fiable, parfois soupçonné sur ses intentions dernières. En réalité, quelle que soit la zone géographique, la France ne peut agir que dans le cadre de coalitions.

Quelles sont aujourd'hui les faiblesses structurelles de la projection française ?

La dette, le déficit commercial, un modèle social à bout de souffle. Et l'absence totale de débat stratégique au sein de notre classe politique, qui préfère se réfugier derrière l'alibi facile d'une posture « gaullienne ».

Retrait du continent africain, flottements sur l'Ukraine, revirements sur Gaza, désir de « souveraineté européenne » qui reste largement au stade des bonnes intentions… Comment juger le bilan d'Emmanuel Macron ?

L'Europe reste le marqueur privilégié du Président qui parle d'un « agenda d'Europe puissance ». Le vrai test pourrait avoir lieu en janvier 2025, si Donald Trump gagnait l'élection américaine. On verrait alors si la France a la capacité de coordonner la position des Européens face à Washington ou si ces derniers gèrent, en ordre dispersé, leur relation bilatérale avec les États-Unis.

« Pour la France, dire c'est faire »
© JF PAGA

François d'Alançon publie avec Richard Werly Le bal des illusions. Ce que la France croit, ce que le monde voit, Éd. Grasset, 240 p. ; 22 €.

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