«En 2023, l'inflation n'a pas empêché les Français d'être généreux !»

Par  Vincent Bresson

Publié le 25/04/2024 à 10h43
Mise à jour le 25/04/2024 à 11h10

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"L'inflation n'a pas empêché les Français d'exprimer leur générosité"
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En 2023, les Français ont donné en moyenne 371 € pour les associations.

Avec l'inflation, les dons avaient marqué le pas en 2022 selon le Baromètre de la solidarité de la fondation Apprentis d'Auteuil mesurant la générosité des Français. Les Français ont-ils été plus généreux l'année dernière ? Stéphane Dauge, directeur de la communication et de la collecte de fonds, nous dévoile les résultats de cette cinquième édition, publiée jeudi 25 avril en partenariat avec Ipsos.

Comment s'est porté le niveau de don en 2023?

Stéphane Dauge : Lors du dernier baromètre, les Français avaient été largement éprouvés par l'inflation qui avait miné leur pouvoir d'achat. En 2023, elle a diminué même si elle s'est tout de même établie à 4,9 %. Bonne nouvelle: cela n'a pas empêché les Français d'exprimer leur générosité.

Le montant moyen des dons a même augmenté de 11 % pour atteindre les 371 € par donateur. Il y a une prise de conscience des besoins criants des populations accompagnées par les associations. Le baromètre ne le dit pas, mais c'est peut-être en partie lié à la volonté des Français d'aider le Maroc et la Turquie, pays frappés par des séismes l'année dernière.

Est-ce que les Apprentis d'Auteuil sont concernés par cette hausse du don?

Très peu. De notre côté, les dons ont connu une légère croissance de 1,2 %, ce qui n'est pas suffisant pour couvrir l'inflation et l'augmentation des charges. On remarque que nos donateurs les plus modestes n'ont pas pu donner autant qu'auparavant. Le baromètre est plus optimiste. Il ressort de cette étude que les foyers les moins aisés sont plus nombreux qu'auparavant à faire au moins un don.

Du côté des plus hauts revenus, l'augmentation du montant des dons est encore plus importante et atteint même 13,2 %.

Les dons des foyers modestes progressent donc un peu mais ceux des plus aisés connaissent un vrai rebond. Est-ce le reflet d'inégalités croissantes ?

Ce qui est sûr, c'est que le pouvoir d'achat des hauts revenus est moins impacté par l'inflation. Dans le baromètre, on observe clairement que les Français les plus riches sont conscients de leurs responsabilités et, qu'en conséquence, ils aident les concitoyens les plus en difficultés. Je ne sais pas si cela traduit une tendance d'enrichissement personnel, mais on observe normalement qu'entre les promesses de dons sur l'année en cours et la réalité mesurée l'année d'après, il y a une érosion. Pour la première fois, en 2023, les dons des foyers les plus aisés sont supérieurs à leurs intentions.

La hausse des dons peut-elle s'expliquer par le cri d'alarme lancé à l'automne par certaines associations, comme les Restos du cœur?

Ça a pu jouer. Les Français montrent qu'ils sont sensibles au fait que les associations ont de plus en plus de besoins. Ils veulent clairement les soutenir. Il y a une précarité croissante dans notre pays, malgré le tassement de l'inflation, et ils en sont conscients. Même si en 2023 les Français ont donné dans des proportions plus importantes qu'en 2022, on remarque un tassement du nombre de causes soutenues. Aujourd'hui, nos concitoyens soutiennent un peu plus de deux causes différentes, avant on était plutôt autour de trois. Ils aident les causes qu'ils financent depuis longtemps et rejoignent peu de nouvelles associations. C'est quelque chose que l'on constate aux Apprentis d'Auteuil. D'ailleurs, nous rencontrons des difficultés à recruter de nouveaux donateurs.

Baromètre après baromètre, vous constatez que les jeunes de moins de 35 ans donnent avantage que le reste de la population. Est-ce surprenant?

Traditionnellement, la générosité est plutôt portée par les seniors. Les jeunes ont, eux, davantage l'habitude de mettre à disposition leur temps pour aider les associations. Depuis quelques années, ils donnent pourtant de plus en plus d'argent. Ils ont conscience qu'à partir du moment où ils entrent dans la vie active, les besoins des bénéficiaires qu'ils rencontrent dans les associations et auxquels ils offrent de leur temps appellent aussi un engagement financier. C'est une tendance et un bon signal. Cette hausse se constate principalement sur la collecte de fonds dans la rue. On y propose de nous remettre un relevé d'identité bancaire, ce qui nous permet d'avoir une adhésion sur la durée. La moyenne d'âge des donateurs lors de ces opérations est de 30 ans. Contrairement aux seniors qui donnent à une institution, on constate que les jeunes donnent à une cause.

Quel pourrait être la tendance l'année prochaine?

Dans l'ensemble, cette générosité devrait se pérenniser l'année prochaine. Mais pour s'en assurer, il faudra patienter. Les dons sont majoritairement réalisés au dernier trimestre de chaque année. La fin d'année représente généralement autour 40 % de la collecte annuelle.

L'un des enseignements de votre étude, c'est que le classement des causes pour lesquelles les Français donnent le plus a changé.

L'aide aux plus démunis est en effet devenue la première cause pour laquelle les Français donnent, juste devant la santé. Aux Apprentis d'Auteuil, on se réjouit forcément de voir que l'enfance et l'éducation se retrouvent à la quatrième place de ce notre baromètre, ce qui représente une progression. Pour les Français les plus aisés, cette cause atteint même la deuxième place. Les jeunes les plus éloignés de l'emploi, c'est une thématique qui mobilise nos concitoyens. Et, forcément, ça nous remplit de joie.

Y a-t-il une chose qui vous surprend particulièrement dans ces résultats?

On s'aperçoit qu'une méconnaissance de certains mécanismes fiscaux demeure. Même si ce n'est pas la première motivation des Français pour leurs dons, cela reste un facteur incitatif. Tout le monde ne le sait pas mais, lors de la crise sanitaire, l'État a augmenté à 1000 € le plafond de déductibilité des dons et le Parlement a prolongé cette disposition jusqu'en 2026.

Commentaires

  • 26/04/2024 09:46 Répondre

    Marie Emmanuel

    Bonjour à tous, Merci pour cet article tellement encourageant sur la générosité des Français que je vais oser vous envoyer notre lien pour vous parler de nos besoins, ici, au Rwanda. Nous sommes liées aux Apprentis d'Auteuil par le neveu de notre Fondateur qui en a été le premier initiateur : l'abbé Louis Roussel. Nous vous remercions de votre générosité à notre endroit.
    Rwanda Training Home for Girls | Community Development Financial Resources Inc (Powered by Donorbox)
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